Thursday, October 12, 2006

Le Soudan

"Darfour : Génocideou crimes de guerre ?"
Voici un extrait de l'interview de Sadig Al-Mahdi, chef historique du parti soudanais d'opposition Umma, réalisée par Fabienne Le Houérou, chercheur au CNRS à l'Iremam-MMSH (Maison méditerranéenne des sciences de l'homme) d'Aix-en-Provence. Cet entretien sera disponible en intégralité dans un ouvrage en cours de publication intitulé "Ces voix qui nous viennent du Darfour".Fabienne Le Houérou : Je souhaiterais que vous rappeliez en deux mots votre parcours politique et votre positionnement au sein de la politique soudanaise actuelle. - Sadig Al-Mahdi : J’ai été impliqué dans la vie politique soudanaise à l’université de Khartoum et plus tard à l’université d’Oxford au sein de l’Union des Etudiants du Royaume Uni.Après la réorganisation de l’Umma, j’ai été élu Secrétaire Général du parti. J’étais très jeune à l’époque, j’avais 28 ans. Plus tard, après le renversement de régime d’Aboud, au moment des élections générales au Soudan, j’ai organisé la victoire électorale de mon parti. J’ai été élu Premier ministre une deuxième fois, élection qui a consacré le retour de la démocratie en 1986.

Ce gouvernement démocratique s’est prolongé une année encore et nous avons dû faire face à un coup d’Etat par le régime islamiste de Turabi et Béshir. Depuis cette date, nous sommes rentrés à nouveau en dissidence afin de combattre cette dictature en 1989. Depuis cette date nous sommes concentrés à défaire ce régime et son agenda islamiste.Par exemple la terre au Darfour appartient aux principales tribus : les 26 tribus les plus importantes !Les chefs tribaux de ces groupes ethniques sont responsables de la gestion des 26 territoires. Le régime, de son côté, a décidé que les terres étaient la propriété du gouvernement et qu’elles ne seraient plus gérées par les tribus. Cette décision a encouragé les groupes minoritaires à prendre des positions autonomes par rapport aux grands groupes. Cela a créé des tensions entre groupes majoritaires et groupes mineurs.Ce problème a été fabriqué de toute pièce par le gouvernement dans la poursuite d’un but politique : celui de se trouver une clientèle ! De toute façon, il y a un autre problème, un vieux problème qui est le fait que certaines tribus sont sédentaires et qu’elles travaillent comme cultivateurs alors que d’autres sont nomades et possèdent des chameaux et vaches. Ce qui est arrivé c’est que durant les années de la sécheresse dans les années 80, certaines tribus du nord et des pays avoisinants, des tribus musulmanes qui sont nomades et donc Arabes, ont trouvé refuge sur des terres qui appartiennent aux cultivateurs et essentiellement deux grands groupes de cultivateurs : les Fur et les Masalit. Dans la zone du Jebel Marra , à l’ouest et au centre se trouvent des populations qui parlent d’autres langues que l’arabe. Les Fur parlent Fur et c’est également le cas des Masalit qui parlent leur langue. C’est ainsi que s’est créé un conflit sur la terre. Des querelles sur les terres opposèrent les cultivateurs qui voulaient garder ces terres pour être cultivées alors que les nomades souhaitaient, de leur côté, les garder pour faire paître leurs troupeaux.Cette tension s’est aggravée au moment de la grande sécheresse en devenant de plus en plus problématique.FLH : Oui , c’est une thèse que j’ai lu chez différents universitaires, De Waal chez les anglo-saxons par exemple.- SAM : Oui, tout à fait. Maintenant voyez-vous certains jeunes arabes décidèrent de faire la loi et de prendre les rênes de la tribu dans leurs mains afin d’intimider les cultivateurs. Généralement ce genre de nouveaux leaders communautaires étaient identifiés comme des "hommes sur le dos de chevaux" : les Janjaweed. Ils étaient persuadés qu’ils devaient poursuivre une politique d’intimidation à l’égard des cultivateurs. De son côté, le gouvernement ne s’est pas prononcé pour régler la situation, il n’a pas dénoncé les actes d’intimidation perpétrés par les Janjaweed. Aussi les populations Fur, Zaghawa et Masalit ont-elles interprété le silence gouvernemental comme une prise de position en faveur des Arabes.FLH : Ils ont eu le sentiment d’être racisé !- SAM : Oui, car le gouvernement n’a pas mis en place de mesure de protection, aucune police n’a été appelé pour protéger les populations qui étaient l’objet d’intimidation.Alors qu’il y avait un problème grave entre les Ziyadiya arabes et les Zaghawa en différents points du Darfour et les Zaghawa ont eu le sentiment que le gouvernement était contre eux. Et, de ce fait, des groupes comme les Fur se rangèrent sur leurs positions. Ils ont considéré que leur ennemi n’était pas les Arabes locaux mais le gouvernement ; ils ont estimé que le leadership à Khartoum avait échoué dans son rôle d’arbitre et de protecteur. Le gouvernement était désigné comme responsable de cet échec. Les représentations armées de ces populations rurales africaines ont pris les armes et s’insurgèrent contre le gouvernement en attaquant plusieurs villes et certains postes. Lorsqu’ils ont commencé leur mouvement initial, un homme, le Général Ibrahim Suleyman rassembla tous les intellectuels du Darfour et les politiciens dans la ville d’Al Fasher. Ils ont décidé de discuter avec les rebelles lors de cette conférence afin de résoudre le conflit de manière pacifique. Toutefois, à la même époque le gouvernement commettait des erreurs d’appréciations et des fautes sur deux dossiers essentiels.Premièrement il n’a pas mesuré la force ni l’importance du défi politico-militaire et il ont sous estimé la " chose" comme mineure. Ils ont estimé que parce qu’ils étaient en train de faire des concessions au sud Soudan (avec les négociations d’Al Fasher) qu’il s’agissait d’une armée vaincue. Le gouvernement avait besoin, pour démontrer l’efficacité du régime, de faire une démonstration de puissance et, de ce fait, il a pensé qu’il devait montrer sa force pour vaincre l’insurrection au Darfour. Il s’agit de la première erreur de jugement. La deuxième erreur du leadership de Khartoum étant de considérer que parce qu’il était en train de faire des concessions avec le sud la communauté internationale aurait excusé la poursuite de leurs activités militaires. Khartoum a commis cette deuxième erreur de jugement alors qu’elle criait haut et fort sur la nécessité d’anéantir la rébellion en deux jours. C’est ainsi que le gouvernement répondit aux premiers défis posés par la rébellion militaire au Darfour. Lorsque le gouvernement a pris position de manière rigide, les rebelles ont décidé, de leur côté, d’effectuer leur propre " escalade ".Aussi occupèrent-t-ils l’aéroport d’Al Fasher et détruisirent des appareils qui appartenaient à l’aviation gouvernementale. Cela a eu lieu en mars 2003 ; le leadership a réellement paniqué, commettant de ce fait sa troisième erreur : il a appelé les tribus à venir le soutenir afin de faire face à la rébellion. Il a fait un appel général à toutes les tribus du Darfour pour soutenir son action contre les rebelles et bien sûr, les éléments essentiels de cette insurrection étaient Fur , Masalit et Zaghawa…En conséquence les tribus qui ont répondu à l’appel gouvernemental ne firent qu’aggraver les divisions ethniques. Bien évidemment ceux qui ont donné suite à l’appel de Khartoum étaient les tribus Janjaweed.FLH : Lesquelles ? Baggara ? Rizeigat ?- SAM : Baggara. Surtout les Baggara et les Jaymayliya, des pasteurs propriétaires de chameaux.FLH : Une précision sur Les Bagarra. Sont ils généalogiquement de descendance directe avec des tribus arabes ou au contraire il s’agit d’une tribu qui s’est métissée au cours des siècles ?- SAM : Ils ont un pedigree arabe mais bien évidemment il y a beaucoup de mariages mixtes.FLH : Pendant des siècles.- SAM : Oui, on peut dire plusieurs siècles de mariages mixtes.FHL : Donc cette origine arabe est un mythe un genre de fiction des origines.- SAM : Oh oui, bien sûr ! Vous voyez l’identité arabe est culturelle ! Vous voyez toutes les identités arabes sont culturelles ! Même ici en Egypte, l’identité arabe est culturelle ! Vous voyez si vous recherchez les ancêtres des Arabes ils disent eux-mêmes que leur ancêtre c’est Ismaïl. Or ce dernier est un juif ! La mère d’Ismaïl est une égyptienne non arabe. C’est seulement la femme d’Ismaïl qui est arabe originaire de Jura et qui descend d’une tribu arabe de l’Arabie du sud. De toute évidence les Arabes sont très clairs sur la nature culturelle de leur identité. C’est la culture qui fait sens pas la race !En effet, le prophète en personne a dit "l’arabité n’est pas une question de père ou de mère ; celui qui a l’arabe comme langue maternelle est un arabe !". Aussi le prophète a -t-il donné lui-même au concept de l’arabité ou de l’arabisme une définition culturelle. Vous trouverez ainsi au Soudan des tribus comme les Rizeigat qui sont très noirs et qui se pensent des Arabes en raison de cette définition culturelle.Vous trouverez également des tribus beaucoup plus claires de peau qui ne se définissent pas comme des Arabes.Ils ont entrepris une campagne d’intimidation massive en bombardant les villages et en incendiant villages et villageois…FLH : Vous ne pensez pas que bombarder un village c’est un peu plus qu’une intimidation ?- SAM : L’idée de départ était de les intimider mais cela a dérapé et cela a pris la forme de crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. L’idée était de brûler des villages afin de dissuader les populations rurales de soutenir les rebelles. Cette stratégie a réellement dépassé son but initial et il a été question de viser des tribus entières.FLH : Khartoum, en quelque sorte, aurait perdu le contrôle !- SAM : Bon, je ne pense même pas que le gouvernement avait une position très claire sur ce qu’il devait faire. Les leaders ont paniqué et ils voulaient se débarrasser de la rébellion à n’importe quel prix ; ils ont pensé que les racines de cette insurrection était liée aux populations civiles. De ce fait, ils ont cherché à intimider et à contrôler les ruraux de la région.Il se peut qu’il y ait à l’intérieur du gouvernement des éléments qui défendent des points de vue extrêmes. De toute manière, quoique ait été l’intention du gouvernement, son action provient d’une erreur d’appréciation. Quel que soit l’intention du régime, il a créé un problème humanitaire international : les populations civiles ont été agressées par des Janjaweed à terre et elles ont été attaquées en l’air par l’armée de l’Air soudanaise provoquant l’exode de milliers de paysans. Certains sont allés se réfugier au Tchad, d’autres à Khartoum , Al Fasher, les villes les plus importantes. Maintenant la cinquième erreur du gouvernement a été de croire qu’il pouvait dissimuler tout cela !Cela n’était pas possible car, à cette époque, le Soudan était exposé au regard de la communauté internationale représentée par de très nombreuses ONG de toutes sortes et engagées dans la lutte des droits de l’homme. Tels Amnesty International, Human Rights Watch, qui toutes ont rédigés des rapports très informés sur les événements d’autant plus que leurs sources principales étaient…FLH : Les réfugiés- SAM : Les réfugiés qui sont allés au Tchad et qui pouvaient parler librement et c’est ainsi que les agences humanitaires ont pu amasser des volumes de rapports en décrivant la situation de manière très précise et détaillée.FLH : Pensez-vous qu’ils ont exagéré ?- SAM : Non, je ne pense pas qu’ils ont exagéré ! D’abord parce qu’ils n’ont pas de raison d’exagérer et c’est vrai que certains ont été très touchés par les atrocités. Lorsqu’ils évoquent les villages brûlés, avant 2003 et après mai 2004, ils possèdent les preuves avec les photos satellites des villages entre Zalinja et Guinena. On peut observer que 44% des villages ont été brûlés. Cette réalité a été dénoncée par les ONG. La deuxième chose qu’ils ont pu également attester c’est l’ampleur des viols et l’instrumentalisation des viols comme outil de guerre, d’intimidation et d’humiliation. Cela a été établit par Médecins Sans Frontières, dans des rapports qui faisaient référence à des patients ayant souffert de violences à caractère sexuelles.Donc la cinquième erreur aura été de croire que tout pouvait être masqué, tout cacher et tout effacer, alors que les rapports justement faisaient la lumière sur toutes ces exactions. Ces documents ont circulé sur Internet. La sixième faute a été de considérer que la communauté internationale aurait fermé les yeux sur tout cela comme le disait d’ailleurs un porte parole américain de l’époque "nous nous concentrons sur les accords d’Al Fasher et le Darfour est un problème interne que le gouvernement soudanais devrait résoudre". Cette attitude a convaincu le gouvernement soudanais que la communauté internationale aurait fermé les yeux sur ce qui se passait. Et peut-être que cela était l’inclination des porte paroles officiels des gouvernements mais lorsque les rapports des ONG sur les atrocités ont été éventés et sont devenus publics cela a provoqué un scandale d’opinion. Je dis qu’il y a eu un coup de l’opinion publique qui a provoqué une vague de sympathie pour les victimes des atrocités. Au Soudan, il a fallut un petit moment avant que les informations atteignent l’opinion publique. Les choses sont arrivées plus tard au Soudan.Les media n’étaient pas autorisées d’évoquer le Darfour au Soudan. C’est seulement après, après que les événements aient été connus, que l’opinion publique soudanaise s’est mobilisée. Donc, quand l’opinion publique internationale se mobilisa elle fit pression sur le gouvernement soudanais et en conséquence le Darfour devint la crise internationale numéro un ! En raison même de ces rapports et de la démonstration qui était faite des atrocités dans la région. Je pense que c’est ainsi que le problème est devenu suraigu.FLH : Comment comprendre la politique du gouvernement soudanais ? Quels sont les intérêts en jeu ?- Sam : Plus que l’argent, l’idéologie. L’idée du gouvernement c’est de déclarer qu’il y a un conflit entre les Arabes et les Africains. D’une certaine manière les Américains et les Israéliens sont avec les Africains et cela a des conséquences sur le plan idéologique. Par exemple, l’opinion publique arabe a une vision très négative des rebelles du Darfour car ils ont l’impression que parce qu’ils sont soutenus par l’opinion américaine, ils doivent être automatiquement anti-arabes et antimusulmans ! Et comme vous le savez l’Amérique est si impopulaire dans le monde arabe que toute population soutenue par les Etats –Unis tend à être mal perçue par l’opinion publique arabe.FLH : Est-ce que vous qualifiez cette crise de génocide ? Les média ont prononcé le terme de génocide et de purification ethnique. Si nous comparons la crise du Darfour avec le drame rwandais on reste quand même dans des scénarios très différents…- SAM : Je crois que définitivement il s’agit ici de crimes de guerre, il est question de crimes contre l’humanité, il y a également certains aspects de la purification ethnique car quand certains ont été chassés d’autres se sont installés. (people moving out others moving in). Toutefois je ne pense pas que ce fut une politique volontaire. Tout faisait penser à un genre d’improvisation. Toutefois cela mériterait de plus amples investigations car nous ne connaissons pas tous les faits, à mon sens une investigation du conseil de sécurité établira qu’il s’agit bel et bien de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

article
Darfour, un nouveau Rwanda?


PROPOS RECUEILLIS PAR JMV

Entretien avec Roland Marchal, chargé de recherche au CNRS et rédacteur en chef de Politique africaine.

La crise au Darfour intervient au moment même ou les négociations de paix avec le Sud sont en passe d'aboutir. Y a-t-il un lien entre le deux crises?
Roland Marchal: Indéniablement. A la différence que le conflit au sud avait une dimension culturelle et religieuse. C'était la résistance à une politique jacobine d'unification du pays par l'arabisation, l'apprentissage obligé de la langue arabe, assorti de l'islamisation des populations animistes ou converties au christianisme et, bien entendu, soucieuses de préserver leur identité. Au Darfour, au contraire, tout le monde est musulman et parle arabe. Opposer des Arabes à des Africains est d'ailleurs un abus de langage. Au Darfour comme partout au nord, tout le monde est à la fois arabe et africain. De l'autre côté de la frontière, les Zarawas, qui sont les homologues tchadiens des miliciens Janjawids, se disent eux aussi arabes. Cette terminologie est davantage sociale, nomades par opposition à sédentaires, que proprement ethnique. C'est donc à tort que l'on «ethnicise» ce conflit suivant un schéma très réducteur.
Le conflit du Sud et celui du Darfour sont en fait assez dissemblables. A ceci près qu'il y existe un vrai point commun: le profond différentiel de développement entre le centre et la périphérie, entre Khartoum et les provinces délaissées, parce qu'éloignées des zones de développement proches du pouvoir central. Or, les régions restées en arrière, sous-développées, voient aujourd'hui les provinces du Sud négocier le «partage des richesses», autrement dit la répartition de la manne pétrolière. Elles entendent ainsi se rappeler au bon souvenir du gouvernement. C'est ce que le Darfour a commencé à faire en se soulevant l'automne dernier, car ses élites refusent d'être plus longtemps des laissés-pour-compte à qui les promesses faites n'ont jamais été tenues.

Peut-on raisonnablement parler d'un génocide au Darfour?
– Il n'y a pas de comparaison possible avec le Rwanda il y dix ans. Certes, des populations entières se sont déplacées pour fuir les combats. Huit cent mille à l'intérieur des frontières soudanaises. Plus de 100 000 personnes ont trouvé refuge au Tchad. Une partie d'entre elles, 40 000 environ, ont été prises en charge par le HCR et 20 000 ont été accueillies dans trois camps implantés à 50 kilomètres de la frontière pour éviter les incursions des fameux Janjawids, ces miliciens tribaux qui ont mis le Darfour à feu et à sang. Les pertes humaines liées au conflit se monteraient à 30 000. Mais il est évidemment impossible de vérifier ce chiffre. Rien de comparable en tout cas avec les massacres de masse de la décennie précédente. Et puis beaucoup de dignitaires du gouvernement, de l'administration, de l'armée, sont eux-mêmes originaires du Darfour. En général, on ne ­génocide pas les membres de sa famille...


Comment expliquer alors ­l'ampleur actuelle de la crise au Darfour et les accusations portées contre le Gouvernement soudanais?
– Il faut savoir que la crise actuelle avait été précédée en 1991 par une première rébellion dont le chef, Daoud Bolad, avait passé alliance avec les sudistes de John Garang. La répression conduite par Taieb Syra «Barre de Fer» avait été alors d'une extrême brutalité: tout village soupçonné de collusion avec le mouvement populaire sudiste, était pillé et brûlé. En 2003, la situation avait évidemment changé, et laisser les mains libres à la sécurité militaire pour casser la dissidence ne pouvait se justifier d'aucune manière. C'était le meilleur moyen de radicaliser la dissidence tout en pénalisant lourdement les populations civiles. L'armée soudanaise n'avait pas les moyens d'intervenir parce qu'elle est fixée au sud tant qu'un cessez-le-feu définitif n'est pas signé avec le SPLA. Le gouvernement, au lieu de s'impliquer directement dans la résolution du problème au Darfour, a préféré le déléguer à la sécurité militaire qui l'a elle-même fait sous-traiter par les milices Janjawids. Le pire cas de figure.
Notons que la communauté internationale, qui aurait eu son mot à dire pour arrêter la crise à son début, est restée muette. Les Occidentaux engagés dans le processus de paix à Nairobi – Anglais, Américains, Norvégiens et Français – ont tout misé sur les négociations de Nivasha. Quand les pourparlers ont marqué le pas, on est alors passé d'une attitude de négation de la crise à son surdimensionnement.
Que le Gouvernement soudanais ait trop réagi au Darfour, c'est certain, mais le mot «génocide» est de trop. En outre, il constitue une sorte de bombe à retardement: faire peser l'ombre terrible de meurtres de masse sur les négociations avec la dissidence ne peut que compliquer, voire rendre impossible, tout compromis stable entre rebelles et gouvernement.
Aux Nations Unies, certaines déclarations inappropriées ont entraîné une rapide inflation dans les mots. Elles ont apparemment été motivées plus par le souci de dégager a priori d'éventuelles responsabilités étasuniennes que par le souci premier de bloquer la crise. Il s'est aussi agi de masquer de réelles difficultés internes à l'organisation onusienne, dont l'efficacité est loin d'être parfaite. Les fonds d'intervention n'arrivent pas toujours là où ils le devraient! Ne faisons pas d'angélisme en matière humanitaire, tout ne se passe pas dans une maison de verre.

Il n'en reste pas moins que nous sommes au bord de la ­catastrophe humanitaire...
– La situation humanitaire des déplacés et des réfugiés devient en effet tout à fait alarmante. Même si le cessez-le-feu signé récemment à Djamena est maintenu, ce qui n'est pas sûr. Il faut craindre non pas une supposée politique d'épuration mais plutôt le facteur climatique. Avec l'arrivée de la saison des pluies, les camps vont devenir difficilement accessibles par voie de terre; quant aux pistes d'atterrissage, elles sont quasi inexistantes. Le manque d'eau se fait déjà sentir avec tous les risques épidémiques que cela implique. Le pire est peut-être à venir si la situation humanitaire des déplacés et des réfugiés devient incontrôlable. Le HCR a estimé les besoins immédiats à 55 millions de dollars et n'en a reçu que 8. Que Kofi Annan et Colin Powell aient été d'accord pour dire que l'heure n'était pas aux déclarations fracassantes mais à la mise en oeuvre, d'urgence, des moyens adéquats ne change rien à la gravité de la situation.

Genocide au Darfur

Genocide definitions

Genocide is one of the greatest crimes that humans commit. It is an act of multiple murder, intended to destroy an entire group of people, because of who they are. It is usually the act of a government and its collaborators, seeking to destroy a part of the population under its control. Its perpetrators do not respect age, gender, occupation, religion or status. Every member of the group will be targeted for killing.Genocide is never spontaneous. It takes time to plan. The word 'genocide' was coined by Raphael Lemkin, a Jewish Polish lawyer, following the Nazi destruction of the Jews of Europe. He used a combination of Greek and Latin words: geno (race or tribe) and cide (killing). He also proposed a Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, which was approved by the United Nations in 1948.

Genocide as defined by the United Nations Convention, 1948

Genocide means any of the following acts committed with intent to destroy, in whole or in part, a national, ethnical, racial or religious group, as such: Killing members of the group Causing serious bodily or mental harm to members of the group Deliberately inflicting conditions calculated to bring about its physical destruction Imposing measures intended to prevent births within the group Forcibly transferring children of this group to another group.

Article 6 of the Rome Statute of the International Criminal Court, which came into force on 30 June 2002, shares the UN Convention?definition of the crime of genocide.

Other definitions of genocide

"a form of one-sided mass killing in which a state or other authority intends to destroy a group, as that group and membership in it are defined by the perpetrator."
Frank Chalk and Kurt Jonassohn, The History and Sociology of Genocide, 1990

"the mass killing of substantial numbers of human beings ... under conditions of the essential defenselessness and helplessness of the victims."
Israel Charny in George Andreopoulos (ed), Genocide: Conceptual and Historical Dimensions, 1994

"sustained purposeful action by a perpetrator to physically destroy a collectivity directly or indirectly, through interdiction of the biological and social reproduction of group members, sustained regardless of the surrender or lack of threat offered by the victim."
Helen Fein, Genocide: A Sociological Perspective, 1993/1990

"the promotion and execution of policies by a state or its agents which result in the deaths of a substantial portion of a group ...[when] the victimized groups are defined primarily in terms of their communal characteristics, i.e., ethnicity, religion or nationality."
Barbara Harff and Ted Gurr, 'Toward empirical theory of genocides and politicides,' International Studies Quarterly, 37:3, 1988

“Genocide is not extreme war or conflict; it is extreme exclusion. Exclusion may start with name-calling, but may end with a group of people being excluded from a society to the point where they are destroyed.”James M. Smith speaking to the London Assembly, January 2006

génocide au soudan
La décomposition du capitalismegénéralise la terreur

Au cours des derniers mois, il y a eu au Soudan environ 30 000 morts et 120 000 personnes chassées de leur maison et réduites à mourir de faim ou de maladie, dans la pire des errances. «Les installations d’eau, les stocks alimentaires, les outils pour le travail agricole ont été détruits, le bétail volé, des milliers de villages brûlés, des hommes exécutés, des femmes et des jeunes filles violées» («Soudan : sans aide, un million de personnes pourraient mourir au Darfour», International Herald Tribune du 11 juin) Ce véritable génocide, qui ne peut que nous rappeler celui du Rwanda, perpétré sous la haute direction de l’impérialisme français, s’inscrit directement dans la ligne de ces guerres qui ont martyrisé le Soudan au cours des trente dernières années y faisant au moins trois millions de morts et des millions de déplacés. Des guerres menées de plus en plus sauvagement où tout esprit de compassion a disparu et qui aboutit finalement au fait que : «Le déplacement des populations à grande échelle est devenu la caractéristique majeure de la guerre. Ce n’est pas la conséquence directe des combats mais l’un de ses objectifs, cela signifie que ces populations, groupes entiers ou individus, qui ont été déplacés hors de chez eux, sont soit enrôlés de force dans les troupes de combat, soit utilisés comme force de travail obligatoire.» («Les causes profondes des guerres civiles au Soudan», D.H. Jonhson, The International African Institute, 2003) Un pays, qui, à l’image de la plupart des nations d’Afrique, s’enfonce de plus en plus fortement dans une instabilité chronique, une guerre permanente dans laquelle le gouvernement central de Khartoum pourrait perdre toute autorité, laissant libre cours aux combats, non seulement à l’Ouest dans le Darfour, mais aussi dans l’Est et dans le Sud du pays, avec un risque de guerre civile généralisée.
Le Soudan, un enjeu des affrontements impérialistes
Le Soudan en tant qu’Etat national est le produit de la lutte des puissances coloniales pour se répartir l’Afrique au 19e siècle. C’est l’impérialisme anglais qui réalisa cette création dans le but, d’une part de stopper l’avancée de ses rivaux français, allemands, et italiens, et d’autre part pour asseoir sa domination sur le Nord, le Centre et l’Est de l’Afrique. Le Soudan a des frontières avec l’Egypte, la Libye, le Kenya et l’Ouganda, tous ces pays étaient d’anciennes colonies britanniques. Ce pays avait également des frontières avec les colonies rivales de l’Angleterre : le Congo belge, le Tchad sous contrôle de la France et l’Abyssinie (Ethiopie) gouvernée par l’Italie. Pour imposer sa loi, l’impérialisme anglais écrasa sans pitié la population qui s’était soulevée, comme lors de la bataille d’Omdurman en 1898 quand des rebelles, armés de façon rudimentaire, furent massacrés par les armes sorties des dernières technologies de l’impérialisme britannique «démocratique et civilisateur.»Dans la redistribution impérialiste qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, l’impérialisme britannique fut obligé d’abandonner son empire africain. A cette époque, l’Afrique devint l’un des principaux champs de bataille de la période de la guerre froide entre le bloc américain et le bloc soviétique. Le Soudan était pleinement partie prenante de cette situation surtout à partir des années 1960. Profitant du mécontentement des fractions nationalistes du Sud, le bloc russe tenta de déstabiliser les fractions pro-américaines au pouvoir. Ce soutien devint plus marqué lorsque la partie pro-russe de la bourgeoisie éthiopienne renversa Haïlé Selassié au début des années 1970. La principale fraction du Sud, l’armée de libération du peuple soudanais (ALPS) était armée et entraînée en Ethiopie.En riposte, les Etats-Unis et le bloc de l’Ouest armèrent et instruisirent l’Etat soudanais non seulement pour réprimer l’ALPS mais encore pour soutenir les forces rebelles en Ethiopie. Dans les années 1990, après la chute du mur de Berlin, le gouvernement soudanais essaya de se débarrasser de la tutelle américaine et de mener sa propre politique impérialiste. A nouveau aujourd’hui, contrairement à ce que voudrait nous faire croire la bourgeoisie, ce génocide n’a pas pour cause essentielle la confrontation entre des groupes ethniques depuis bien longtemps opposés. On veut nous expliquer que cette guerre oppose deux tribus principales : d’un côté les négro-africains (Fours, Zaghawas, etc..) et, de l’autre, des tribus d’origine arabe en oubliant cyniquement de préciser que ces ethnies sont entièrement armées et manipulées par différentes puissances impérialistes, petites et grandes. Cette nouvelle généralisation des combats se développe en effet au moment où l’impérialisme américain pensait avoir réussi à contrôler le Soudan. C’est depuis l’attentat terroriste de 2001 à New York et dans le cadre de leur campagne «guerre totale au terrorisme», que les Etats-Unis ont entrepris de tenter de mettre au pas le gouvernement central de Khartoum, prétextant pour cela leur lien avec le terrorisme international. L’impérialisme américain avait notamment réussi à imposer un cessez-le-feu et à faire signer «un accord de paix définitif» entre le gouvernement et le principal mouvement rebelle du Sud-Est (ALPS) de John Garang. Mais après comme avant le «plan de paix», le gouvernement et les fractions rebelles s’étaient déjà pleinement impliqués dans le conflit du Darfour, démontrant ainsi ouvertement l’incapacité de l’impérialisme américain d’imposer sa loi au Soudan.
La dynamique du "chacun pour soi" précipite l'Afrique dans le chaos
En effet, le Darfour, région de la taille de la France, est ensanglanté par une guerre opposant une rébellion locale soutenue par l’ALPS et sans aucun doute le Tchad, aux milices Janjawid soutenues par le gouvernement de Khartoum. Face à l’échec de leur politique en direction du gouvernement central, la Maison Blanche a immédiatement réagi : «le voyage de C.Powell, le premier d’un haut responsable américain au Soudan depuis vingt-cinq ans, est intervenu au moment où les Etats-Unis lançaient un projet de résolution censé infliger des sanctions aux milices gouvernementales, qui sont accusées de meurtres et de viols de villageois au cours des seize derniers mois», note The Washington Post (Courrier International du 24 août 2004). Villepin, pour la France, puis Kofi Annan, pour l’ONU, se sont à leur tour précipités afin d’apporter leur «bonne parole», ouvrant ainsi la porte à l’envoi de forces militaires françaises à la frontière du Tchad et du Soudan. «Malgré la suspicion des pays arabes autour de l’intervention éventuelle de forces occidentales dans le Darfour, le Tchad et l’Egypte, deux pays voisins du Soudan se sont félicités de la décision de la France.» ( Courrier International du 3 août). Quant à la Grande-Bretagne, ne pouvant rester en dehors de cette vaste foire d’empoigne entre requins impérialistes, elle s’est déclarée prête, par l’entremise de son premier ministre Tony Blair à «envoyer 5000 hommes dans le Darfour si Khartoum le lui demande. « (Courrier International du 24 août). C’est bien avec le plus grand cynisme que les grandes puissances impérialistes du monde, utilisant le sang des populations civiles à travers des guerres permanentes et des génocides à répétition, s’affrontent continuellement en Afrique centrale et de l’Est. Tous les pays y sont aujourd’hui livrés à l’anarchie et au pillage : Centre-Afrique, RDC, Côte-d’Ivoire, Ouganda, Burundi, Angola…Les alliances entre Etats autochtones et autres seigneurs de la guerre s’y modifient perpétuellement en fonction des offres les plus alléchantes des différentes grandes puissances : du Tchad d’Idriss Deby aujourd’hui plutôt soutenu par la France au boucher Kadhafi qui s’est rapproché ces derniers temps des Etats-Unis. En fin de compte, au Darfour comme ailleurs en Afrique noire, il y a bien la sale présence permanente des grands vautours impérialistes dans toutes les zones en conflits. Le Soudan se trouve ainsi au milieu d’un affrontement inter-impérialiste entre bandes armées locales, petits et grands impérialistes dont la population civile ne pourra que continuer à faire les frais. Dans une situation où personne ne peut imposer sa loi et en premier lieu les Etats-Unis, la porte est ouverte aux pires exactions, au chaos et à l’anarchie. Le Soudan vient à son tour confirmer que l’affaiblissement accéléré de l’autorité de la première puissance impérialiste du monde contribue fortement à l’accélération à l’échelle de la planète, de conflits qui, comme sur l’ensemble du continent africain, ne peuvent que concourir à une décomposition sociale et à une barbarie toujours plus monstrueuses.

Le Monde: "Paix introuvable au Darfour", par Michaël Chetrit et Mahor Chiche
Pour le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le Darfour, cette province de l'ouest du Soudan où se déroulent depuis 2003 des massacres à grande échelle est "l'enfer sur terre". LE MONDE 27.06.06 14h01 •
Au cours des vingt dernières années, la communauté internationale a assisté, impuissante, aux massacres massifs du sud Soudan, 2 millions de morts depuis 1983. Aujourd'hui, la communauté internationale doit faire cesser les crimes contre les populations civiles noires du Darfour. Les milices janjawids, alliées du régime islamiste de Khartoum, s'appuient sur les tribus musulmanes "arabes", pour massacrer les tribus musulmanes "africaines" contestataires de l'ouest du pays.
Selon un rapport accablant du procureur général de la Cour pénale internationale présenté à l'ONU, le 14 juin, sur les 6 millions de Darfouriens, plus de 200 000 civils sont morts depuis 2003, au rythme de 10 000 victimes par mois. Aujourd'hui, 2,5 millions de réfugiés et de déplacés vivent dans des camps exsangues soutenus par une aide internationale entravée et terrorisée par le régime de Khartoum. Depuis juin 2004, 7 000 soldats de la mission de l'Union africaine, sous-équipés, sont cantonnés à un rôle difficile de simple observateur dans une région grande comme la France.
En outre, l'Union africaine, qui n'est plus financée par la communauté internationale, n'a pas l'intention de poursuivre sa mission au-delà du 30 septembre. Ce départ risque de déclencher l'intensification des attaques, qui se poursuivent aujourd'hui en dépit d'un "deuxième" accord de paix de désarmement et de démocratisation, signé en mai à Abuja, au Nigeria, entre le gouvernement soudanais et la principale milice rebelle du Darfour, le Mouvement de libération du Soudan.
Le 16 mai dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a enfin pris une résolution autorisant le principe d'une opération des casques bleus au Darfour, en remplacement de la mission de l'Union africaine. Cette résolution a été prise en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies prévoyant la possibilité de "mesures coercitives", économiques ou militaires. Mais cette éventualité reste théorique car la Russie et surtout la Chine demeurent très "réservées" sur tout emploi de la force. Le Soudan représente en effet 6 % des importations chinoises de pétrole.
Les Nations unies tentent donc désespérément d'obtenir l'accord de Khartoum pour cette opération de maintien de la paix. Le Soudan a certes accepté une mission d'évaluation de l'ONU en territoire soudanais, s'attirant les foudres du numéro deux d'Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, mais s'oppose toujours à l'entrée des casques bleus au Darfour. Le blocage est total. Le secrétaire général adjoint de l'ONU a, en effet, déclaré : "Toutes les opérations de maintien de la paix en Afrique s'effectuent avec la coopération du pays d'accueil."
L'ONU s'active sans relâche depuis le début du conflit et pourtant, sur le terrain, la situation ne s'améliore pas. Le gouvernement soudanais gagne du temps alors que les massacres continuent. Le régime de Khartoum, issu d'un coup d'Etat intervenu en 1989 alors que son parti, une émanation des Frères musulmans, n'avait recueilli que 15 % des voix lors des premières élections libres du pays, se distingue par sa brutalité depuis près de dix-sept ans, au sud Soudan d'abord, puis au Darfour. Face à cette dictature, il n'est plus concevable d'envisager une autre voie que sa mise à l'écart du pouvoir. Seul un front uni de la communauté internationale permettra d'arrêter les massacres et de restaurer la démocratie au Soudan.
Pour surmonter le veto chinois, il n'y a donc qu'une possibilité : rallier la Chine à la mobilisation internationale, en la rassurant sur la continuité de ses exploitations pétrolières au Soudan. Il en va de la vie de la grande majorité du peuple soudanais, depuis trop longtemps opprimé.
Michaël Chetrit et Mahor Chiche sont membre et vice-président d'Urgence Darfour France.


Deuxième compte-rendu du Meeting du 10 juillet 2006 en faveur des populations du Darfour
La rue devant le Théâtre de la Madeleine est envahie d’une foule venue pour le meeting, et le staff d’accueil est très affairé. Beaucoup de jeunes sont là, témoignage d’une solidarité marquée.
Dans le hall d’entrée, le stand propose des documents sur l’actualité du Darfour, des analyses du conflit, sur l’histoire, édités par les membres du Collectif Urgence Darfour. Et les bracelets verts pour témoigner de notre soutien sont à la disposition de tous. Il y a aussi la carte postale qui doit être envoyée au président de notre république — lui demandant d’user de son influence pour faire cesser les exactions.
La salle se remplit doucement, jusqu’à être bel et bien comble. Le public attend patiemment dans la chaleur que les personnalités, qui sont dans un premier temps sollicitées par la presse, prennent place. Des élus, des artistes, des philosophes, sociologues, des représentants d’organisations diverses viendront apporter leur soutien et faire des propositions. D’autres personnalités ont souhaité être là ce soir, sans forcément s’exprimer.
Jacky Mamou, ancien président de Médecins du Monde et président du Collectif Urgence Darfour, montre comment la guerre n’est pas tribale mais orchestrée par un régime discriminant. « Il s’agit d’une action délibérée des milices janjawides, bras armé du gouvernement soudanais » Ce gouvernement est constitué exclusivement de membres du Front National Islamique, issu des Frères musulmans. « Ce régime, né d’un coup d’état, est illégitime » M. Mamou énumère les revendications très claires du collectif : « ce que nous demandons, c’est la dissolution des milices janjawides, l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des populations. Que la France mette ses forces armées présentes en Afrique au service de la protection des civils du Darfour. »
François Zimeray, président de SOS Darfour, une association nouvellement créée et dont la vocation est de conduire la mobilisation européenne en faveur des populations du Darfour, se dit que, faisant partie de la génération d’après la Shoah, il s’était juré que le « plus jamais ça » ne soit pas un vain mot. « N’est-il pas temps d’intervenir pour arrêter le bras meurtrier et génocidaire du régime soudanais ? » (le mot de génocide sera souvent prononcé par la suite, tant on s’accorde aujourd’hui sur le caractère génocidaire des exactions.)
Un court documentaire est projeté sur l’écran en fond de scène, témoignant des méthodes de persécutions des populations. On comprend que le viol est utilisé comme arme de guerre…
Jenifer, fait part de son sentiment de se sentir petite face à la gravité de la situation, mais est consciente que sa présence peut être mobilisatrice : « si on me prête de la notoriété, qu’elle serve au moins à ça ».
Daniella Lumbroso fait ensuite les présentations des intervenants qui vont se succéder sur la scène. Brigitte Fossey, grâce à qui la salle du théâtre de la Madeleine nous a été disponible, dit qu’il n’y a que peu de temps qu’elle n’a été au courant de ces exactions. Elle lit un poème dénonciateur et très émouvant de Richard Rossin, « Ma terre était douce ». Jean-Alain Boumsong, footballeur (membre de l’équipe de France), témoigne de sa solidarité. « Je ne comprends pas ce silence au sujet du Darfour. On parle de 10 000 morts par mois, vous vous rendez compte ? Je ne veux pas que ça recommence comme au Rwanda. » Son frère, présent, a écrit un poème intense dont un comédien fait lecture. Pierre Lellouche, député, parle du droit d’ingérence, qu’il considère comme un principe moral dans un tel cas. Eric Raoult, député en Seine-Saint-Denis, dit que si l’on a pu se mobiliser contre les évènements qui ont marqué Dachau, le Vietnam, le Cambodge, il est logique de se positionner sur ce drame actuel
Certaines personnalités apparaissent dans des interviewes filmées. Ainsi le Prince Albert, qui dit son souhait d’une « solution pacifiée à ce conflit ». Pierre Arditi, avec beaucoup de sensibilité et de conviction, lance à chacun de nous un appel à l’action : « nous avons tous une voix », dit-il, une voix qui peut faire changer les choses. MC Solaar, d’origine sénégalaise et tchadienne, raconte comment sa famille au Tchad lui parle, depuis des années, d’agressions et d’injustices qui ont lieu. Par ailleurs, MC se félicite du succès de ce meeting : c’est une victoire.
Des philosophes montent aussi sur la scène. André Glucksman d’abord, parle de crime d’indifférence qui est perpétré aujourd’hui. Pire, il y a ce qu’il appelle le « crime de parrainage du crime » : il consiste à livrer des armes, à légitimer les massacres en faisant commerce avec le régime en cause. Pascal Bruckner parle d’une circonstance aggravante pour les massacres actuels : grâce aux évolutions techniques, ils se déroulent aujourd’hui sous l’œil des caméras. Bruckner propose de diffuser un programme télé journalier ou hebdomadaire d’info, pour mobiliser sur le Darfour. Il suggère également de créer des comités Darfour locaux, en province. Des idées sont lancées, des pistes sont proposées. Morad El-Hattab, fait ensuite un discours emprunt de poésie sur le drame en cours. On fait lecture d’un texte que Marek Halter nous a fait parvenir. Ce texte engagé se conclut ainsi : « n’attendons pas la mort des victimes pour les pleurer. »
Patrick Poivre d’Arvor raconte comment, après être allé au Darfour il y a un an avec une équipe, il a été confronté à une difficulté : diffuser ses documents au journaux télévisés. Le silence sur ce sujet est trop pesant dans les médias - jusqu’à aujourd’hui. Charles et Serge sont des rescapés du génocide rwandais. L’un d’eux est président d’Ibuka - association qui regroupe des rescapés du génocide rwandais, ayant pour objectifs de perpétuer la mémoire des victimes, et de retrouver et faire juger les responsables de ce génocide. Il intervient pour conjurer le silence, pour que ne se reproduise pas le même immobilisme qu’il y a 12 ans. Il ne s’agit pas de tenter des explications à ce conflit qui se verrait ainsi légitimé : « le mal absolu ne s’explique pas, il se combat ».
Diagne Chanel, présidente du Comité Soudan, a parlé des trois autres massacres commis par le régime soudanais. Ils sont d’origine raciste. Au Darfour, il ne s’agit pas d’une guerre de religion mais là encore d’une guerre raciale. Marielle de Sarnez, vice-présidente exécutive de l’UDF et dont le fils travaille pour une ONG au Darfour, a lancé un vibrant appel pour un nouvel accord de paix qui soit accepté par les populations concernées.
Simone Dumoulin, présidente de l’association Vigilance Soudan, a passé 25 ans au Soudan. Elle explique les défauts de l’accord de paix d’Abuja, l’absence de garanties d’un désarmement des milices janjawides, et la non représentativité, en termes de population, du seul signataire rebelle.
Puis voici les militants d’Aegis Trust venus de Londres. James Smith, qui dirige cette fondation pour la prévention des génocides, coordonne la très active campagne brittanique “protect Darfour”. Rejetant le discours selon lequel la situation est trop complexe pour qu’on puisse prendre parti, il résume : « pas besoin de vouloir comprendre : on regarde et on dit “non” ». Dominique SOPO, président de SOS racisme, parlera clairement de génocide comme d’une notion indiscutable. Patrick Gaubert, président de la LICRA et député européen, confirme que si l’ONU a parlé de crimes contre l’humanité, le congrès américain a bel et bien parlé de génocide. Il se prononce pour une intervention armée, espérant « que les armes amènent la paix ». Mahor Chiche, secrétaire national de SOS Racisme et vice-président du Collectif Urgence Darfour, appelle au pragmatisme. Il faut surmonter le veto chinois. Eviter les errements, désunions, et constituer un front uni de la communauté internationale. L’UEJF s’exprime par la voix de son président, qui souhaite parler au nom de la communauté juive en affirmant son soutien aux initiatives pour le Darfour.
Avant de clore la rencontre, deux réfugiés soudanais interviennent sur scène. Disant leur gratitude, ils font part de leur espoir né de cette soirée, et remercient les intervenants et tous ceux qui sont venus. Ce grand pas a été fait ce soir grâce à de nombreuses bonnes volontés. L’important est de rester mobilisés et unis… on annonce pour le 17 septembre prochain une journée européenne, voire internationale, sur le Darfour.
Les personnes présentes s’échangent ensuite des contacts et des infos avant de repartir, et la mobilisation promet de s’amplifier…
France: première grande mobilisation pour le Darfour lundi soir à Paris - Jeune Afrique
Rescapés du Rwanda, intellectuels, artistes, sportifs, politiques ont participé lundi soir à Paris à la première grande mobilisation en faveur du Darfour organisée en France pour "briser le silence" entourant "le premier génocide du 21ème siècle".
Devant la salle comble du Théâtre de la Madeleine (8ème arrondissement), le docteur Jacky Mamou, président d'Urgence Darfour, réunissant 120 associations, a martelé: "personne ne peut dire je ne sais pas ce qui se passe au Darfour", citant des rapportés d'Amnesty International ou de Human Rights Watch sur les massacres et les viols commis sur les civils de cette région occidentale du Soudan.
"Nous sommes tous habités par le spectre du génocide au Rwanda et nous ne voulons pas que la même chose se reproduise dans l'indifférence du monde", a-t-il lancé lors de la soirée animée par Daniela Lumbroso.
Depuis février 2003, la guerre opposant des milices arabes soutenues par le régime islamiste de Khartoum à des mouvements rebelles du Darfour issus de la population locale noire a fait de 180.000 à 300.000 morts, essentiellement des civils, et 2,5 millions de réfugiés et déplacés.
Pour des survivants du génocide de 1994 au Rwanda, "c'est le même silence aujourd'hui dans le monde que celui que nous avons affronté il y a 12 ans". "Sachez que le silence tue", ajoute Charles, survivant tutsi et responsable de l'association Ibuka (souviens-toi en kinyarwanda).
Pour la comédienne Brigitte Fossey, le Darfour souffre effectivement "de la même maladie que le Rwanda" en 1994, "le manque de médiatisation". Elle a rappelé dans un texte que ce conflit meurtrier prend sa source dans une lutte pour le contrôle des terres entre pasteurs noirs du Darfour et tribus nomades arabes. Prêtant sa voix à une victime du Darfour, elle a conclut le texte par une phrase en forme d'accusation "les hommes se taisent".
Le philosophe André Glucksmann a dénoncé "la cruauté de l'abandon mondial" qu'ont vécu les Tutsis du Rwanda il y a 12 ans comme les habitants du Darfour depuis 2003 tandis que Pascal Bruckner proposait la création de comités Darfour comme au moment de la guerre en ex-Yougoslavie afin que l'Afrique subsaharienne cesse d'être "l'angle mort de notre conscience".
La vice-présidente de l'UDF Marielle de Sarnez, le député UMP de Paris Pierre Lellouche, les anciens ministres Bernard Debré et Jack Lang, les chanteurs MC Solaar et Jennifer, ou encore le joueur de l'équipe de France de football Jean-Alain Boumsong, ont également participé à la soirée tandis qu'Albert de Monaco, les comédiens Pierre Arditi, Richard Berry se sont exprimés dans des clips et l'écrivain Marek Halter par lettre.
Urgence Darfour, inspiré de l'initiative américaine Save Darfur, veut "peser" sur le gouvernement français pour obtenir notamment une nouvelle résolution de l'Onu et un engagement des troupes françaises déployées en Afrique, notamment au Tchad, en Centrafrique et à Djibouti, pour "la protection des populations civiles du Darfour".
Le ministère des Affaires étrangères a annoncé lundi que la France avait décidé de débloquer 4 millions d'euros d'aide supplémentaires pour le Darfour.
La France est aussi "prête à apporter son concours à la sécurité" des camps de réfugiés situés au Tchad voisin "dans le cadre d'une action collective", a dit à la presse le porte-parole du ministère, Jean-Baptiste Mattéi.
Deux millions d'euros sont destinés à une aide alimentaire et deux autres à la Force de paix de l'Union africaine (UA), déployée au Darfour.
L'effort de la France pour le Darfour depuis 2003 s'élève à 120 millions d'euros, sous forme d'aide bilatérale ou transitant par l'Union européenne (UE), a souligné le porte-parole.
Source: Jeune Afrique

O.N.U : Darfur pose un test critique pour la Commissioni aux droits de l’homme
La Commission aux droits de l’homme de l’ONU doit condamner les abus et rétablir un organe de surveillance au Soudan
(Genève, le 20 avril 2004) – La Commission des droits de l’homme des Nations Unies doit rétablir un organe de surveillance des droits humains au Soudan et fermement condamner les abus commis à Darfour, une région de l’ouest du Soudan au sein de laquelle l’une des pires crises humanitaires et d’abus de droits humains est en train de se développer, a déclaré aujourd’hui l’organisation Human Rights Watch.
Darfur présente un test critique de la crédibilité de la Commission. Des milliers de civils sont déjà morts et des centains de milliers de personnes ont été déplacées de force. Nous sommes précisement devant le genre de désastre humanitaire pour lequel la Commission doit nommer un commissaire.
Joanna Weschler, la représentante de Human Rights Watch auprès de Nations Unies

La Commission, qui doit voter une résolution sur le Soudan jeudi, doit condamner sans équivoque les crimes contre l’humanité et autres abus commis par les forces gouvernementales et les milices alliées présentes à Darfour et rétablir le mandat du rapporteur spécial des droits humains au Soudan sous les termes de l’article 9 du traité, a déclaré Human Rights Watch. L’an passé, la Commission a mis fin au mandat de l’organe de surveillance en place depuis 10 ans au Soudan lorsqu’il est apparu que la guerre civile qui sévit depuis 20 ans dans la région sud du pays allait prendre fin. “Darfur présente un test critique de la crédibilité de la Commission”, a déclaré Joanna Weschler, la représentante de Human Rights Watch auprès de Nations Unies. “Des milliers de civils sont déjà morts et des centains de milliers de personnes ont été déplacées de force. Nous sommes précisement devant le genre de désastre humanitaire pour lequel la Commission doit nommer un commissaire.” Depuis février 2003, le gouvernement soudanais et ses milices arabes alliées mènent une guerre brutale contre une révolte de rebelles à Darfour. Les opérations militaires du gouvernement ont jusqu’à présent surtout ciblé les civils qui ont les mêmes origines ethniques que les membres des groupes rebelles. Les forces gouvernementales et les milices alliées ont tué des milliers de personnes, en ont forcé plus de 750 000 autres à fuir leurs villages à l’intérieur du Soudan, tandis que 120 000 autres ont dû chercher refuge de l’autre côté de la frontière, au Tchad. Grâce à des interviews menées auprès de réfugiés soudanais au Tchad, les enquêteurs de Human Rights Watch ont documenté les abus généraux et systématiques commis à Darfour par les forces gouvernementales, qui agissent avec la complicité des milices arabes connues sous le nom de “Janjawid”. Les réfugiés ont décrit d’une manière consistente des bombardements aériens aveugles de villages civils, les pillages et mises à feu de leurs maisons par les forces gouvernementales et les milices ainsi que des incidents impliquants meurtres, viols et séquestrations de femmes, d’enfants et de vieillards. Dans un discours à la Commission aux droits de l’homme donné le 7 avril dernier, le Secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a demandé que “les travailleurs humanitaires internationaux et les experts des droits humains aient un accès total et sans délais à la région et aux victimes”. Il a précisé que si un tel accès était refusé, la communauté internationale devrait “prendre des mesures immédiates et appropriées”. Néanmoins, il semble que le gouvernement soudanais ait refusé de garantir l’accès à Darfour à une mission d’urgence du Haut Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) pendant la visite de celui-ci au Tchad voisin, effectuée quelques jours à peine après le discours du Secrétaire général. Si la Commission n’agit pas immédiatement, alors même qu’elle se trouve confrontée aux preuves des crimes contre l’humanité commis à Darfur, quand répondra-t-elle ?” a demandé Weschler. La semaine passée, l’Union Européenne (UE) a proposé une résolution demandant qu’un rapporteur spécial soit nommé pour surveiller les abus des droits humains au Soudan. Le vote a néanmoins été repoussé jusqu’au 22 avril prochain à la demande du Groupe Africain, une coalition d’États africains membres de la Commission. Coordonné par le gouvernement du Congo-Brazzaville, le Groupe Africain poursuit sa politique de blocage des enquêtes liées aux gouvernements africains, quels que soient les abus de droits humains dont ils se sont rendus responsables. L’Irlande et les Pays-Bas sont à la tête des efforts de négociations de l’EU avec les membres africains du commissariat. Les négociations portent sur une “déclaration du président” commune qui serait à n’en pas douter moins critique des actions du Soudan et n’aboutirait certainement pas à la nommination d’un rapporteur spécial. Human Rights Watch demande à tous les membres de la Commission de s’abstenir d’opter pour la déclaration plus faible et de soutenir au contraire une résolution plus ferme sur le Soudan qui comprenne le rétablissement d’un rapporteur spécial aux droits humains.


Le Hezbollah se doit de respecter les mêmes droits qu'Israël
Publié en Les Temps
Sarah Leah Whitson Mercredi 4 octobre 2006 Lorsque 800000 manifestants favorables au Hezbollah se rassemblent dans le centre-ville de Beyrouth, ils expriment au monde entier que, en dépit de la guerre menée contre Israël, le Hezbollah représente encore une force politique et militaire redoutable. En tant que tel, il est devenu un modèle pour les groupes armés dans toute la région. Parce qu'il constitue un mouvement fort et populaire, il est encore plus crucial que le Hezbollah soit tenu pour responsable de sa conduite pendant la guerre. Bien que le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et le gouvernement libanais aient exigé qu'Israël soit tenu pour responsable de ses crimes, ces instances n'ont pas formulé la même demande à l'encontre du Hezbollah. Les tragédies causées par cette guerre sont le résultat direct du mépris affiché par Israël et par le Hezbollah pour leurs obligations au regard du droit international humanitaire. Human Rights Watch a recueilli des informations sur l'incapacité systématique d'Israël à faire la distinction entre objets civils et militaires lors de sa campagne aérienne de bombardements, allant parfois jusqu'à commettre des crimes de guerre. Mais nous avons aussi enquêté sur les violations du droit humanitaire international commises par le Hezbollah. Le Hezbollah a lancé des milliers de roquettes sur des villes, des communes et des villages densément peuplés, situés dans le nord d'Israël, utilisant toute une variété de roquettes non guidées, souvent désignées sous le nom de «Katiouchas». Ces dernières ne peuvent pas cibler précisément des objets militaires parce qu'elles sont technologiquement limitées. En tirant ces roquettes sur des zones civiles, le Hezbollah savait qu'il avait peu de chances de frapper une cible militaire, mais que par contre la probabilité de causer morts et blessés parmi les civils était élevée. De telles attaques étaient au mieux des attaques non discriminées contre des zones civiles, au pire des attaques directement lancées contre des civils. Du fait du secret qui entoure le Hezbollah, on sait peu de choses sur la conduite de ses forces au Liban et si ses actions ont fait courir ou non des risques aux civils libanais. Les recherches de Human Rights Watch ont montré que, dans un certain nombre de cas, le Hezbollah avait mis en danger des civils libanais, sans raison valable, en stockant des armes dans des habitations privées, en tirant des roquettes depuis des zones peuplées et en permettant à ses combattants d'opérer à partir d'habitations privées. Le Hezbollah a également eu recours à des enfants comme combattants, ce qui constitue une autre violation du DIH. Le Hezbollah a publiquement défendu ses attaques contre Israël, en insistant sur le fait que nombre de ses roquettes avaient pour cibles des objets militaires. Or, ceci n'excuse pas les très nombreuses autres roquettes lancées sans discrimination aucune contre des zones civiles. Le Hezbollah a également cherché à justifier ses attaques contre des civils israéliens en affirmant qu'il s'agissait de représailles légitimes, d'après certaines interprétations du droit islamique. De telles affirmations sont pour le moins décevantes, de la part d'une organisation qui s'est vantée de n'avoir jamais attaqué les civils lors des précédents conflits avec Israël. Elles sont aussi totalement irréfléchies: des violations du droit international humanitaire se produisent dans pratiquement toute guerre, si bien que, si une violation perpétrée par un camp excusait les violations commises par un autre, toutes les guerres dégénéreraient en attaques contre les civils. Ceci explique pourquoi les représailles contre les civils ne sont jamais permises par le droit international humanitaire. Une fois la guerre terminée, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, initialement à l'instigation des Etats membres arabes et musulmans, a agi rapidement afin d'établir une commission d'enquête sur les violations du droit de la guerre commises par Israël. Or, faisant preuve d'une affligeante partialité, le conseil a refusé d'examiner la conduite du Hezbollah. Cette réponse a mis à mal la crédibilité du mécanisme des Nations unies de défense des droits humains, au moment même où il se devait de compenser l'incapacité ou le manque de volonté du Liban de lancer, de lui-même, une telle enquête. Le conseil devrait demander, sans équivoque, qu'une enquête soit faite sur la conduite du Hezbollah. Les personnes qui soutiennent le Hezbollah et qui estiment qu'il a le droit de résister se doivent d'exiger que le Hezbollah combatte en respectant les règles du droit humanitaire international. Refuser de tenir le Hezbollah pour responsable de ses actes risque d'entraîner cette force de combat dans une anarchie complète et d'encourager d'autres groupes armés à mépriser ouvertement les principes fondamentaux de la guerre. Si le feu vert est donné aux attaques contre des civils, la seule chose que nous tenons pour certaine, c'est que les victimes ne seront pas uniquement israéliennes. Comme dans le cas de l'Irak, Arabes et musulmans en feront aussi les frais. Sarah Leah Whitson est la directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch


Washington parle désormais de «génocide»
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La reconnaissance officielle d’un génocide au Soudan par l’administration Bush ne lui «dicte aucune action».(Photo: AFP)
Alors qu’en juillet dernier, à la différence du Congrès américain, le secrétaire d'Etat Colin Powell s’était refusé à user d’une qualification lourde d’obligation, l’administration Bush a résolu d’affirmer, jeudi, qu’«un génocide a eu lieu et pourrait encore se poursuivre au Darfour»et que «le gouvernement soudanais et les janjawid en portent la responsabilité». Colin Powell invoque une nouvelle enquête américaine menée dans 19 camps de réfugiés de l’Est tchadien en juillet et en août. Les réponses des quelque 1 136 personnes interrogées font ressortir une «pratique constante et étendue d'atrocités contre les villageois non-arabes du Darfour», explique-t-il. Pour autant, Washington n’envisage pas d’intervenir pour empêcher le génocide, mais appelle l’ONU à lancer un nouvel ultimatum à Khartoum qui dénonce pour sa part des accusations à usage interne, électoraliste en l’occurrence.
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Selon le rapport de l’enquête sur laquelle s’appuie Colin Powell, la plupart des réfugiés interrogés dénoncent des attaques combinées entre troupes gouvernementales et janjawid pour raser leurs villages. Un tiers de ces témoignages évoquent des menaces raciales telles que «nous tuons tous les Noirs et même le bétail si les veaux ont des tâches noires», marquant une volonté d’épuration ethnique avec des «vous n'êtes pas d'ici, fuyez esclaves pour que le bétail des Arabes puisse brouter!». Les quatre-cinquièmes des réfugiés assurent que leur cheptel a été volé et près de la moitié que leurs biens personnels ont été pillés. 61% affirment avoir assisté au meurtre d'un membre de leur famille et 16% avoir subi un viol ou connaître des victimes de viols. Le président George Bush s'est lui aussi déclaré «consterné» par le récit de ces exactions. «Nous avons conclu que le génocide sévit au Darfour. Nous exhortons la communauté internationale à oeuvrer avec nous pour éviter et supprimer les actes de génocide», a-t-il déclaré, renvoyant la balle à l’ONU où Washington entend voir le Conseil de sécurité adopter mardi prochain la nouvelle résolution made in USA.
«Si j'étais président, j'agirais maintenant. Comme je l'ai dit depuis des mois, je ne resterais pas assis à ne rien faire», a pour sa part renchéri le candidat démocrate à la présidentielle de novembre, John Kerry, à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, devant un parterre d'églises noires protestantes rassemblées pour la session annuelle de la Convention nationale baptiste. Il estime que «les Etats-Unis devraient assurer le déploiement immédiat d'une force internationale pour désarmer les milices, et faciliter la livraison de l'aide humanitaire au Darfour», ce qui n’est absolument pas sur l’agenda de son rival George Bush. En effet, lorsque celui-ci avance que «notre gouvernement a pris la tête d'un effort international pour mettre fin à la souffrance qui règne» au Darfour, c’est justement parce qu’il n’entend pas aller enliser des troupes américaines dans l’Ouest soudanais.
Un nouvel ultimatum de trente jours
«Nous avons présenté une forte résolution au Conseil de sécurité qui a été adoptée le 30 juillet», poursuit George Bush, expliquant que puisque l’ultimatum n’a pas été suivi d’effet, son «gouvernement cherche à faire adopter une nouvelle résolution pour autoriser un renforcement de la force de sécurité de l'Union africaine». Cette résolution serait également assortie d’un nouvel ultimatum d’un mois. Petite précision dans la menace: sa mise à exécution pourrait comporter des sanctions concernant le secteur pétrolier, ce qui tétanise déjà la Chine où la Russie, l’Algérie, l’Angola ou le Pakistan freinant également des quatre fers. La résolution américaine suggère aussi que le Darfour fasse l’objet d’un autorisation de survol international mais que son espace aérien soit strictement interdit à l’armée de l’air soudanaise. Enfin, elle demande au secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, de mener l’enquête sur les crimes de génocide au Darfour et sur leurs auteurs. Pour leur part, les Etats-Unis considèrent que leur reconnaissance officielle d’un génocide au Soudan ne leur «dicte aucune action».
«Le terme de génocide relève de notre jugement, mais ce n'est pas à ce stade le jugement de la communauté internationale», se justifie Colin Powell qui renvoie donc à Kofi Annan la responsabilité non seulement de valider la qualification du génocide au Darfour, mais surtout d’en tirer les conséquences conformes à la Convention de 1948 qui régit la prévention et la répression des génocides. En la matière, Washington se décharge par avance sur l’Union africaine, tout en garantissant ses arrières politico-diplomatiques. On ne pourra pas reprocher à l’administration Bush de ne pas avoir vu de génocide au Darfour. En outre, l’accusation est un moyen de pression supplémentaire sur Khartoum qui nie, bien évidemment, et en tire argument pour suggérer qu’en haussant le ton, Washington risque de faire capoter les négociations qui piétinent dans la capitale nigériane, Abuja, depuis le 23 août.
«Les Etats-Unis se comportent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine», tempête le vice-président du parlement soudanais, Angelo Beda. Leur attitude renforce les rebelles du Darfour et pourrait même inciter des mouvements séparatistes à lancer la lutte armée, dans l’Est par exemple, où s’organise le Congrès Béja, ajoute-t-il. De son côté, la diplomatie soudanaise accuse Washington d’en vouloir surtout à son pétrole et d’instrumentaliser l’accusation de génocide sur le modèle de la campagne américaine sur les armes de destruction massive en Irak. L'ambassadeur du Soudan à Washington, Khedr Haroun, le premier à réagir auprès du département d’Etat, ajoute que «considérer ce qui se passe au Darfour comme un génocide ne fait pas l'objet d'un consensus international». Ni l’Union européenne, ni l’Union africaine, et encore moins la Ligue arabe ne sont allées aussi loin, dit-il. Pour sa part, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Mustafa Osman Ismail, se déclare convaincu que «l'administration Bush tente de détourner l'attention sur la scène intérieure et internationale de ce qui se passe en Irak afin d'éviter la pression des Démocrates dans l'élection présidentielle en cours».
Le chef rebelle de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) du Sud-Soudan, à majorité négro-africaine et chrétienne, John Garang, approuve haut et fort Colin Powell. «Quand un gouvernement utilise des tribus contre d'autres tribus pour contrer une insurrection, ce concept répond à la définition du génocide ou de l'épuration ethnique. Il s'agit donc bien d'un génocide», déclare Garang, très satisfait d’entendre le département d’Etat imputer à Khartoum les obstacles qui bloquent au Kenya la finalisation de l’accord de partage du pouvoir entre le gouvernement et la rébellion sudiste et empêchent de tourner la page de 21 ans de guerre. A Abuja, les rebelles du Darfour du Mouvement pour la libération du Soudan (SLM) voient eux aussi l’accusation de génocide comme un «développement bienvenu». «Nous croyons que la communauté internationale va maintenant prendre des mesures plus sérieuses et concrètes contre le gouvernement pour le forcer à arrêter ces atrocités», espère le porte-parole du SLM tandis que son alter ego du Mouvement pour l'égalité et la justice (JEM) estime que «les Etats-Unis devraient faire un pas de plus en aidant à punir les coupables». Ce n’est pas au programme pour le moment.
Harvard se retire de PetroChina; génocide du Soudan
David Kute et Leeshai LemishLa Grande Époque
17 Apr, 2005

BOSTON – Harvard University a annoncé qu’elle allait retirer ses fonds d’investissement de PetroChina, une compagnie de pétrole qui selon les dires aurait été impliquée dans le génocide de Darfour.
«Retirer ses investissements n’est pas une décision que Harvard peut prendre à la légère» a dit Lawrence H. Summers, le président de Harvard dans un communiqué de presse. «Mais je crois qu’il s’agit d’un cas pour lequel il est impérieux de passer à l’action, à la lumière des circonstances particulières de la terrible situation qui se déroule encore au Darfour et du rôle de front joué par la société mère de Petrochina dans les industries de pétrole Soudanaises, qui sont si importantes pour le régime Soudanais.»
En octobre dernier The Harvard Crimson a rapporté que l’université détenait 72 000 parts dans PetroChina, incitant les membres de la communauté de Harvard à faire campagne pour que l’université retire ses investissements. Une pétition a été mise sur pied à cet effet et elle a recueillie les signatures de plus de 600 étudiants de toutes les facultés.
Dans une lettre qui a circulé dans le corps étudiant au complet, Brandon Terry, Président Honoraire du forum Black Man et Matthew Mahan, Président Honoraire du conseil du premier cycle de Harvard, ont demandé aux étudiants de retenir leurs paiements jusqu’à ce que Harvard retire ses actions investies dans PetroChina celles-ci totalisant un montant de presque 4 millions de dollars US.
Ils ont écrit «Nous croyons qu’il y a une morale impérativement claire à retenir votre donation jusqu’à ce que Harvard se retire de PetroChina et de toutes autres compagnies jusqu’à présent non divulguées qui rendent financièrement possible le génocide se déroulant présentement au Soudan.»
PetroChina est une division de China National Petroleum Corporation, une compagnie étatique chinoise qui se trouve à être un des joueurs de ligne dans l’industrie pétrolière Soudanaise. Selon Lako Tongun, professeur Soudanais au Pitzer College, la Chine a vendu des armes au gouvernement Soudanais génocidaire; le pouvoir de veto de la Chine a empêché que ne soit émise aux Nations Unies une résolution solide évoquant la crise.
Une campagne menée par le gouvernement soudanais et les miliciens Arabes dans la région ouest du Darfour a dit qu’il y a eu une estimation de 400 000 vies et réfugiés sur deux millions de gens. Les groupes de droite et l’administration américaine l’ont nommé le génocide des tueries.
La décision du 4 avril de se retirer de PetroChina est venue après que Summers ait demandé à travers la Corporation Committee on Shareholder Responsibility (CCSR) de l’université (Comité corporatif sur la responsabilité des actionnaires) à ce que le Advisory Committee on Shareholder Responsibility (ACSR) (Comité de conseil sur la responsabilité des actionnaires) de l’université révise le cas. Un sous-comité de ACSR a été approché par les étudiants demandant le retrait des investissements et a donc procédé à la préparation d’un rapport suggérant que l’université se retire. La recommandation de se retirer a par la suite été acceptée à l’unanimité par le ACSR, puis par le CCSR et finalement par la corporation de Harvard, qui a pris la décision de suivre cette recommandation.
Le CCSR a dit dans une déclaration que «Cette décision est le reflet de grandes préoccupations à propos de la crise affreuse qui persiste dans la région du Darfour au Soudan et à propos du rôle majeur de la société mère China National Petroleum Corporation affiliée de près à PétroChina, en tant que partenaire de front du gouvernement soudanais dans la production de pétrole au Soudan.»
L’effort de Harvard a inspiré les organisations étudiantes de d’autres écoles à prendre des initiatives similaires. En Californie, dans les Colleges Claremont, le Genocide Awareness Committee (Comité de sensibilisation au génocide) a fait des efforts d’investigation visant à révéler les investissements du collège tout en encourageant les autres institutions à faire de même. Dans une lettre distribuée aux autres universités par les étudiants des Collèges de Claremont la semaine dernière, des groupes ont fait l’éloge de la décision de Harvard de se retirer.
«Peu importe les profits potentiels pour un collège ou une université d’investir dans PetroChina ou dans tout autre compagnie impliquée dans ce génocide, exprimait la lettre, nous devons condamner une telle position comme étant tout à fait immorale.»
U.N.: Sanction Sudanese Leaders for Failing to Protect Civilians
Darfur Tests Collective ‘Responsibility to Protect’ on One-Year Anniversary
(New York, September 15, 2006) – The situation in Darfur demands that the United Nations Security Council members act on their “responsibility to protect” civilians in Darfur from further massive human rights abuses, Human Rights Watch said today. Such action should include imposing sanctions on Sudanese President Omar El Bashir and other senior officials who fail to protect civilians by impeding the deployment of a U.N. force to Darfur.
Security Council members must make protecting Darfur civilians their highest priority. The secretary-general has reminded President Bashir and other high-level officials that the ‘responsibility to protect’ means that they will be held personally responsible should their failure to accept a U.N. force result in continuing civilian casualties.
Kenneth Roth, executive director of Human Rights Watch.

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Darfur: Indiscriminate Bombing Warrants U.N. Sanctions Press Release, September 6, 2006
U.N.: Darfur Resolution Only a First StepPress Release, August 31, 2006
Letter to the U.N. Security Council on Sudan Sanctions and Civilian Protection in DarfurLetter, August 14, 2006
Darfur: Donors Must Urgently Boost Civilian ProtectionPress Release, July 17, 2006
Violence Beyond Borders: The Human Rights Crisis in Eastern ChadBackground Briefing, June 22, 2006
Entrenching Impunity: Government Responsibility for International Crimes in DarfurReport, December 9, 2005
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“Security Council members must make protecting Darfur civilians their highest priority,” said Kenneth Roth, executive director of Human Rights Watch. “The secretary-general has reminded President Bashir and other high-level officials that the ‘responsibility to protect’ means that they will be held personally responsible should their failure to accept a U.N. force result in continuing civilian casualties.” September 17 marks one year since world leaders agreed on a common responsibility to protect populations from genocide, ethnic cleansing, war crimes and crimes against humanity. Civil society activists are planning a Global Day for Darfur on September 17, with rallies, and other events in dozens of cities around the world to raise awareness and demand action by policymakers. Human Rights Watch called for the U.N. Security Council to immediately impose asset freezes and travel bans on the highest-level Sudanese officials – including President Bashir – who are failing to protect civilians by impeding deployment of a U.N. force to Darfur. “With fighting on the upsurge and the possible departure of African Union troops from Darfur on September 30, Darfur’s civilians face the scenario of even more disease, destruction and death if global leaders don’t act now,” said Roth. “A year after the 2005 World Summit agreed on a collective responsibility to protect the most vulnerable, it’s long past time to match action to words.” Despite a May 2006 peace agreement signed by the Sudanese government and one rebel group, fighting in Darfur has recently increased. The government launched a new offensive in North Darfur in late August while simultaneously resisting international calls for a U.N. force in Darfur. On August 31, the U.N. Security Council approved resolution 1706, which authorizes a U.N. force of more than 17,500 troops and 3,300 police to be deployed to Darfur, providing that the Sudanese government consents. So far, Khartoum has refused to permit the U.N. deployment and recently threatened to eject the existing 7,000-member African Union force. Human Rights Watch said that the dispute over the U.N. force has tested the Security Council’s willingness to enforce its own resolutions. Sudan has proved adept at dividing the council, whose members include China and Russia, each with veto power, as well as Qatar; all three have apparently refrained from pressing Sudan to accept the U.N. force. Under U.N. Security Council resolution 1591, the Security Council can place individuals who violate international human rights and humanitarian law, breech the arms embargo on Darfur, or “impede the peace process” on a list for travel bans and asset freezes. In April 2006, the Security Council imposed sanctions on four individuals, including one Sudanese military commander, two rebel leaders and one government-allied militia leader. No high-level government officials have been affected, despite the inclusion of several cabinet ministers on a confidential list of 17 persons recommended for sanctions and five others, including President Bashir, to be considered for possible future sanctions by the U.N. Panel of Experts more than nine months ago. “Condemnation is only half the message to Khartoum,” said Roth. “Sanctions are a vital way for the Security Council to get the Sudanese government to stop abusing its people.” To view the August 14 letter from Human Rights Watch to the U.N. Security Council on Sudan sanctions and civilian protection in Darfur, please visit: http://hrw.org/english/docs/2006/08/14/sudan13973.htm For more information on the September 17 Darfur events, please see: http://www.dayfordarfur.org

Darfur: Indiscriminate Bombing Warrants U.N. Sanctions
Khartoum Drops Bombs in Ongoing Offensive, Stymies Peacekeeping Efforts
(New York, September 6, 2006) – Sources on the ground indicate that the government of Sudan is indiscriminately bombing civilian-occupied villages in rebel-held North Darfur, Human Rights Watch said today. The bombing campaign comes as Khartoum is threatening to eject African Union peacekeepers and stymieing efforts to deploy a U.N. force to the region, and should trigger sanctions against senior Sudanese government officials.
Government forces are bombing villages with blatant disregard for civilian lives.
Peter Takirambudde, Africa director at Human Rights Watch

“Government forces are bombing villages with blatant disregard for civilian lives,” said Peter Takirambudde, Africa director at Human Rights Watch. “A penalty for indiscriminate bombing in Darfur is U.N. Security Council sanctions, which should be imposed now.” Firsthand sources report flight crews rolling bombs out the back ramps of Antonovs, a means of targeting that was often practiced by government forces in their 21-year civil war with rebels in southern Sudan. This method is so inaccurate that it cannot strike at military targets without a substantial risk of harm to civilians. International humanitarian law prohibits such attacks, which can constitute war crimes. Deliberately attacking civilians is in all circumstances prohibited and a war crime. Human Rights Watch specifically urged the Security Council to:
Impose targeted sanctions on Sudanese government officials responsible for violations of international humanitarian law, as provided for by U.N. Security Council Resolution 1591; and
Expand the limited arms embargo provided for by U.N. Security Council Resolution 1591 to cover all of Sudan, not just Darfur.
Offensive military overflights and breaches of international humanitarian law in Darfur are in direct violation of U.N. Security Council Resolution 1591 and are grounds for sanctions, which should include banning government officials from travel and freezing assets of those responsible. The government’s bombing campaign is part of an ongoing military offensive in North Darfur and follows mass deployment of government forces to the region, itself a violation of the resolution. Reports on the recent bombardment in North Darfur indicate that it is wholly indiscriminate and deliberately fails to distinguish between rebels and civilians. Witnesses in combat zones in North Darfur say that Sudanese military aircraft only target a general area, which often includes people’s homes. According to international observers in North Darfur, a woman was killed and seven children were wounded last week in Hassan, 5 kilometers southeast of Kulkul, when a bomb was dropped on her house. Another bomb nearly missed a school, leaving a crater 15 meters away. Evidence of indiscriminate bombing was also reported in the nearby villages of Abu Sakin and Telbo, where one bomb went through the wall of a house and came out the other side. Although the villages of Hassan, Abu Sakin and Telbo were considered to be under rebel control until they were seized by government forces in the recent fighting, one international observer said that the rebels did not have a permanent presence in the villages, but rather on their outskirts. On Friday, September 1, Sam Ibok, the director of the AU Peace and Security Council, said that more than 20 civilians had been killed and more than 1,000 displaced as a result. International observers in North Darfur reported that civilians attempting to flee the Kulkul area in the direction of Fashir, the provincial capital, were turned back by Sudanese government troops. “Khartoum clearly believes that it can defy U.N. Security Council resolutions and continue to kill civilians indiscriminately, in violation of international law,” said Takirambudde. “Now Khartoum appears determined to rid itself of international peacekeepers, so that there will be no protection for civilians.” On September 3, the government’s Council of Ministers decided to ask the AU peacekeeping force to withdraw its 7,000-plus troops from Darfur at the end of September. The under-resourced AU force has been unable to prevent widespread abuses against civilians, but is the only international peacekeeping force in Darfur pending a proposed deployment of U.N. troops. On Monday, the AU announced that it would allow its mandate to expire and leave the region by the end of September, though it left open the possibility of an extension. Khartoum, meanwhile, has blocked efforts to implement U.N. Security Council Resolution 1706, passed on August 31, which calls for the AU force to be turned into a more robust U.N. protection force. The resolution, however, is conditional on Khartoum’s consent. The government has not only refused to give that consent; it has also warned the AU not to join forces with the U.N. “Khartoum must not be allowed to kick out the African Union peacekeepers and block the deployment of U.N. troops,” said Takirambudde. “Given the ongoing offensive and the government’s track record of crimes against humanity, the Security Council must take all necessary measures to ensure there is no gap in protection for civilians in Darfur.”
Le silence de Martin sur le génocide au Soudan est inexcusable, déclare McDonough
ven 10 sep 2004 Imprimez

OTTAWA - La porte-parole du NPD pour les Affaires étrangères Alexa McDonough condamne le premier ministre Martin pour son inaction concernant le génocide qui s'est produit dans le région du Darfour au Soudan.
«Le premier ministre n'a pas répondu aux appels d'Amnistie Internationale et d'observateurs et d'organismes onusiens, africains et canadiens à prendre des mesures plus vigoureuses pour aider les 1,2 million de personnes déplacées et pour faire cesser les destructions, les tueries et les viols de femmes et de filles dans cette région troublée du Soudan. Il est même resté sourd aux appels de ses propres députés», déclare McDonough.
«Même le président George Bush a reconnu l'ampleur de la crise du Darfour. Lorsqu'il a témoigné jeudi dernier à Washington devant le Comité des relations étrangères du Sénat américain, le Secrétaire d'État Colin Powell a déclaré qu'il y avait eu un génocide au Darfour, que le gouvernement soudanais et les milices Janjaweed en étaient responsables et que le génocide se poursuivait peut-être encore», ajoute McDonough.
«Les mesures immédiates que le Canada pourrait et devrait s'engager à prendre ne manquent pas : appuyer la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMISAD); adjoindre des troupes canadiennes au groupe de reconnaissance demandé par le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan; militer à l'ONU en faveur d'une résolution plus musclée sur le Soudan; et offrir un soutien logistique aux forces de l'Union africaine et plaider en faveur d'un élargissement de leur mandat afin qu'elles puissent protéger la population du Darfour», déclare McDonough.
McDonough a déploré il y a quelques mois que Martin n'ait pas pris l'initiative de marquer le 10e anniversaire du génocide rwandais et de montrer que le gouvernement avait tiré les leçons du Rwanda. Le 22 juillet, elle a demandé par écrit aux ministres Pettigrew et Carroll ce que le Canada comptait faire face au génocide soudanais. Cinquante jours après, elle attend toujours la réponse.

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