Monday, November 9, 2009

Fred Rwigema




La mort de Fred Rwigema, au second jour de l'attaque du Rwanda par le FPR, reste mystérieuse.


Fred Rwigema, Kampala (Ouganda) septembre 1990



Fred Rwigema, de son vrai nom Emmanuel Gisage ou Gisa, est né 10 avril 1957 sur la colline Kiranzi, cellule Kidahwe, secteur Nyamiyaga dans la commune de Musambira, Préfecture de Gitarama. Fils de Kimonyo et de Mukandirima alias Nyirabwije, il est du clan des Abacyaba. Suite à la révolution sociale de 1959, lui et ses parents quittèrent le pays vers l’Ouganda. La famille s’établit dans le camp de réfugiés de Nshungerezi en Ankole. En 1987, il s’est marié à Jeannette Birasa, petite-fille de Bideri, ancien chef de la région d’Impala, du clan des Abahindiro, dans la préfecture de Cyangugu. Elle était réfugiée au Burundi. Le couple eu deux enfants.

Fred Rwigema a été recruté par Museveni dans la jeunesse désœuvrée des rues de Kampala. La facilité de communication (la langue de la région d’origine de Museveni est une variante du kinyarwanda) et la solidarité ethnique permirent à Museveni de recruter un bon contingent d’hommes qui le rejoignirent dans le maquis (1981-1986). Fred Rwigema fut son chauffeur, son « coureur » (garçon à tout faire) et son garde de corps tout au long de ces années. Après la victoire, cette loyauté fut récompensée : il fut nommé Général-Major et Vice-Ministre ougandais de la Défense. Cette position lui permit de préparer la guerre contre le Rwanda, via un mouvement le Front Patriotique Rwandais (FPR).


L’attaque contre le Rwanda fut déclenchée le 01/10/1990 et Rwigema mourut mystérieusement le second jour de l’attaque. Au sujet de sa mort, plusieurs hypothèses circulent.

La première est qu’il serait mort « en sautant sur une mine rwandaise » selon Tito Rutaremara en 1990 ou qu’il « a été abattu par l’ennemi » selon Paul Kagame dans une interview accordée au journaliste François Misser en 1995. Ces deux versions désignant les Forces Armées Rwandaises ne sont pas crédibles car le 02/10/1990, celles-ci n’avaient pas encore atteint Kagitumba pour une confrontation. De même la pose des mines était inutile dans cette vaste savane du Parc National. Le piégeage des axes que devait emprunter le FPR ne pouvait être fait car les informations sur la façon dont allaient se déployer les combattants étaient encore lacunaires.

La deuxième hypothèse est que sa présence aux commandes de l’armée ougandaise commençait à trop peser sur Museveni et mettait ce dernier dans une situation inconfortable devant ses compatriotes. Un étranger à la tête de l’armée ougandaise était un leitmotiv pour les détracteurs du Président. Museveni qui aurait profité de la guerre pour envoyer des commandos aux trousses de Fred Rwigema afin de l’éliminer et ainsi éviter son retour. Au départ en effet, les analyses n’avaient jamais envisagé une victoire rapide du FPR.




Une troisième hypothèse est liée aux raisons magico-mythologiques qui voulaient que pour gagner la guerre, un des grands chefs des armées ou un prince de sang devait d’abord s’immoler en versant son sang sur la terre du pays à conquérir. C’est le rite du héros libérateur umutabazi : un des combattants devait se faire tuer dans le territoire ennemi ; cette mort devait assurer la victoire à son armée. Il en serait de même pour Rwigema qui, voulant que la victoire soit sûre, se serait donné la mort après sa traversée de la rivière Umuvumba qui sépare le Rwanda et l’Ouganda, et au bord de laquelle (du côté rwandais au poste frontalier de Kagitumba) le FPR avait dressé son campement au 1 octobre 1990. L’annonce tardive de sa mort tiendrait à ce dernier motif car on attendait d’abord que les combattants progressent après cette immolation dont on espérait des résultats immédiats. Dans l’histoire ancienne du Rwanda de tels sacrifices étaient légion.

Une quatrième hypothèse est que ce serait le tandem Bayingana-Bunyenyezi qui aurait organisé son assassinat suite à une divergence de vue sur la stratégie militaire. Ces derniers voulaient une guerre éclair jusqu’à Kigali, tandis que Fred Rwigema était pour une guérilla de longue durée. Bayingana, docteur en médecine de son état, avait été recruté par Rwigema mais il ne tarda pas à vouloir s’imposer comme tête pensante du FPR dans cette masse de quasi analphabètes. Dans cette hypothèse, Paul Kagame, de retour des USA, aurait à son tour organisé l’assassinat des deux autres officiers qui sont morts le même jour du 23/10/1990. Il est d’ailleurs important de signaler qu’à la mort de Rwigema, Bayingana l’avait remplacé, ce que Kagame ne pouvait pas non plus supporter car il briguait le même poste.

Une cinquième hypothèse avance que ce serait Paul Kagame qui, se sentant mis à l’écart du FPR, aurait fait assassiner Rwigema. Pour ce faire l’actuel président rwandais aurait utilisé ses anciens agents (du temps où il était responsable des services de renseignements militaires ougandais). Son adjoint d’alors, le Major Jackson Nziza, aurait participé au coup. Cette dernière hypothèse semble la plus plausible. De fait Kagame ne pouvait pas s’imposer au sein du FPR-Inkotanyi tant que son chef charismatique était encore vivant.

En effet, Fred Rwigema et Paul Kagame ont tous les deux participé activement à la préparation de la guerre : le premier dans la recherche des armes, le second dans la campagne médiatique (campagne qui a d’ailleurs bien fonctionné puisque le Rwanda naguère considéré comme un pays bien géré et bien administré fut subitement présenté par presque tous les médias du monde comme étant sous la coupe d’une dictature qui a dilapidé les fonds publics). Kagame considérait son éloignement comme injuste et soupçonnait Rwigema d’y avoir été pour quelque chose. Kagame serait donc parti aux Etats-Unis la haine au cœur. Pour son honneur, il devait à tout prix participer à la guerre de « libération ».

Pour saisir ce phénomène et cet état d’esprit, il faut se rappeler que dans tous les milieux des réfugiés, c’était l’effervescence. Les « libérateurs » de l’Ouganda avaient montré leur savoir-faire. La conquête du Rwanda n’était qu’une question de jours. Pour ce faire, bon nombre d’officiers rwandais de la NRA avaient lancé une sorte de publicité pour chercher des filles à épouser avant que la guerre ne commence. C’était pour celles-ci une fierté d’être des femmes de ceux qui étaient dans l’équipe des futurs « libérateurs ». Les filles accoururent de toutes parts. Fred Rwigema et Paul Kagame avaient rencontré tous les deux des anciennes réfugiées au Burundi, les prénommées Jeanne et Jeannette. Ils les ont épousées. C’était une frustration que l’un d’eux soit écarté de ce projet qui faisait la fierté familiale. L’opprobre était ainsi jeté sur Kagame considéré comme « celui ayant fui au moment où l’attaque allait être déclenchée » (yatinye gutabara). L’épouse de Rwigema, Jeannette, ainsi que celles de Bayingana et de Bunyenyezi démentiront cette interprétation et confirmeront la thèse selon laquelle leurs maris avaient été tués par les FAR.

Gaspard Musabyimana
12/2/2009

2 comments:

  1. c'est un grand soldat , jagame voulais etre chéf comme il est fais aujourd'hui avec les peuples rwandais.

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  2. KAGAME VOULAIS ETRE CHEF DEPUIS LONGTEMPS,
    ET MUSEVEN EST UN LACHE COMMENT TRAHIR QUELQ'UN QUI T'AS AIDE A ETRE AU POUVOIR .

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