Wednesday, November 19, 2008

France/Rwanda - L'extradition de Rose Kabuye, nouvelle épine

L'extradition de Rose Kabuye, nouvelle épine

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Rose Kabuye, arrêtée début novembre en Allemagne pour son rôle présumé dans l'attentat contre le président rwandais Habyarimina en 1994, est remise à la France ce mercredi.
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La justice française pourrait avoir du mal à boucler son dossier : le témoin clé de l'accusation s'est rétracté ce mardi.


Deux ans après le mandat d'arrêt international lancé par le juge Bruguière contre neuf responsables rwandais -procédure qui a entraîné la rupture des relations diplomatiques entre le France et le Rwanda, Rose Kabuye se trouvera ce soir aux mains de la justice française. La responsable du protocole du président rwandais, arrêtée le 9 novembre en Allemagne (cliquez ici pour lire notre article), est soupçonnée d'avoir participé aux préparatifs de l'attentat contre l'avion de l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimina, en avril 1994.

A l'époque, elle était l'une des dirigeants de la rébellion du Front patriotique rwandais, dirigé par Paul Kagamé, aujourd'hui président du pays. La mort de Juvénal Habyarimina avait ensuite servi de prétexte aux milices extrémistes hutu pour lancer le génocide contre les Tutsi et les Hutu modérés. Le juge Bruguière a pu émettre son mandat d'arrêt international -qui a valeur de mise en examen- puisque trois membres d'équipage de l'appareil présidentiel étaient français. Il agit notamment après la plainte d'une des familles.

Coopération intéressée

Après avoir vivement protesté contre cette arrestation -la question étant notamment de savoir si Rose Kabuye bénéficiait ou non de l'immunité diplomatique pour son voyage outre-Rhin-, Kigali a ensuite accepté sans trop sourciller que sa responsable soit transférée rapidement en France. Si Rose Kabuye s'était opposée à son extradition, la procédure aurait en effet duré plusieurs mois. Elle entend même répondre aux questions que lui poseront les magistrats français -des questions qui pourraient bien tomber à l'eau puisque le principal témoin clé de l'accusation s'est rétracté mardi (cliquez ici pour lire notre article).

Cette tactique de coopération devrait permettre à la défense d'avoir accès au dossier, de demander l'audition de ses propres témoins, voire de demander aux juges de se déplacer au Rwanda. Des choses de fait impossibles avant son interpellation à Francfort. Toutes ces procédures vont évidemment ralentir l'enquête et repousseny à une date lointaine la tenue d'un éventuel procès.

La RD Congo dans la mêlée

Pendant ce temps là, Kigali aura certainement lancé son propre mandat international contre une vingtaine de responsables militaires et civils français que le régime accuse d'avoir aidé indirectement les Hutu à commettre leur génocide. "Si le monde continue de croire qu'un juge en France (...) peut lancer un mandat contre un ministre du Rwanda (...), alors j'estime que le contraire est vrai, que nos juges au Rwanda (...) peuvent lancer un mandat contre des personnes en Europe, en France ou dans d'autres pays", lance Paul Kagamé.

Quoi qu'il en soit, ces nouveaux développements pourraient refroidir les quelques relations que Paris et Kigali ont réussi à établir depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Ils interviennent en outre alors que le Rwanda est accusé par la communauté internationale de soutenir la rébellion en République démocratique du Congo.

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